René Girard

Scolies d'après René Girard

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Avions-nous oublié le mal?

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Avec Bernard Lempert, dans un ouvrage qui s’appelle: Critique de la pensée sacrificielle, et comme le rappelle Jean-Pierre Dupuy, il faut dénoncer deux erreurs communes à ceux qui pensent au meurtre et au sacrifice. Car meurtre et sacrifice ont en commun la victime et la mise à mort.

D’abord une histoire horrible raconté par Bernard Lempert

Printemps 99: Kosovo, c’est le jour de la fête de l’Aïd, des policiers serbes font irruption dans une maison kosovare.  Chez les musulman, l’Aïd commémore le non-sacrifice d’Isaac, quand Dieu demande au père d’Isaac, Abraham, de tuer un mouton à la place de son fils. C’est la substitution. On égorge le mouton en mémoire de cet animal que l’ange, au dernier moment, va mettre à la place du fils d’Abraham.

Les policiers demandent à la famille si elle a déjà tué le mouton: non, ils sont trop pauvres pour avoir un mouton. Alors les policiers s’emparent du fils de la famille, un jeune homme de dix-sept ans, en disant: « il est assez gras pour le sacrifice ». Et ils l’égorgent sous les yeux des parents.

La première erreur consiste à ne pas voir que le sacrifice repose sur un meurtre.

Toute la pensée religieuse concourt à dissimuler cette parenté entre meurtre et sacrifice, y compris le curé quand il ne rappelle pas ce que mange le fidèle en avalant l’hostie, à savoir le type sur la croix après la préparation au four. Sauf que le christianisme est censé, selon Girard, avoir la puissance de révéler cette parenté en exhibant la victime, justement.

La seconde erreur c’est le contraire, c’est faire du sacrifice rien qu’un meurtre

Comme les policiers serbes, l’erreur c’est dire que le sacrifice n’est qu’un meurtre, c’est démystifier brutalement le geste du sacrificateur et ignorer la différence.  Car le sacrifice est la source de la civilisation, comprendre cette proposition c’est comprendre le sens de l’œuvre girardienne: l’histoire de l’humanité, c’est l’histoire de l’évolution endogène des systèmes sacrificiels, la civilisation faisant des bonds en avant quand on substitue à la victime humaine un tenant-lieu, un symbole, d’abord un animal, puis des végétaux, ensuite des entités symboliques abstraites. C’est donc l’histoire de la symbolisation.

D’après J-P DupuyAvions-nous oublié le mal? 61-63

Après ça on peut réfléchir et on tachera de le faire, sur le concept de Violence Symbolique chez Bourdieu, pourquoi dans l’univers du marché des symboles il y a de la violence, et pourquoi la théorie nous invite à ne plus faire comme  si politique, culture et religion c’était quelque chose de différent. Le cas du Grand Pressigny par exemple.

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